
Les formations à l’administration et à la gestion de la culture : état des lieux et analyse stratégique
Autissier, Anne-Marie; Bertholom, Garlonn; Bonniel, Jacques; Dupuis, Xavier; Martin, Cécile; Pongy, Mireille; Saez, Jean-Pierre; Teillet, Philippe (2008), Les formations à l’administration et à la gestion de la culture : état des lieux et analyse stratégique, p. 166. https://basepub.dauphine.fr/handle/123456789/10731
Author(s)
Autissier, Anne-MarieBertholom, Garlonn
Bonniel, Jacques

Dupuis, Xavier

Martin, Cécile
Pongy, Mireille
Saez, Jean-Pierre
Teillet, Philippe
Abstract (FR)
Le développement de l’emploi culturel dans les années 1980, en France comme dans bon nombre de pays européens, a eu pour corollaire un fort besoin de professionnalisation des champs de l’administration et de la gestion de la culture. Apparues dans ces mêmes années et accompagnées un temps par le ministère de la Culture, les formations dans ces domaines ont connu une expansion considérable à partir de la décennie suivante, sans qu’il y ait eu pour autant de réflexion sur l’adéquation entre cette offre et l’évolution du marché de l’emploi. Face à ce constat, le ministère de la Culture et de la Communication (DEPS et DDAI) a confié à l’Observatoire des politiques culturelles une étude qui avait pour objectif de recenser les formations supérieures diplômantes ainsi que d’engager une réflexion sur l’articulation entre ces formations et les besoins du secteur culturel. Une offre de formation pléthorique, inflationniste et peu lisible… 282 formations à la gestion et à l’administration de la culture ont été recensées dans le cadre de l’étude, dont 168 de niveau I (principalement des masters), 93 de niveau II et 21 de niveau III. Parmi ces formations, 75% ont été créées après 1990 et 32% depuis 2004. Ajoutons que 37% des masters ont été créés dans les 5 dernières années, et 50% entre 1991 et 2003... Ces formations sont majoritairement dispensées par les universités (88%), mais il faut souligner la présence croissante des écoles supérieures de commerces, ainsi que la création de formations spécialisées au sein de grandes écoles artistiques comme la Fémis ou l’Ecole du Louvre… Que ce soit en termes de champ disciplinaire de rattachement, de volumes horaires (de 300h à 2500h) et de contenus des enseignements, ou encore d’origine des publics (filières artistiques, sciences humaines, sciences politiques, économie, écoles de commerce...) et de modes de recrutement des promotions, les formations à l’administration et à la gestion de la culture se présentent comme un secteur particulièrement hétérogène. 40% des formations se déclarent généralistes, et 70% disent préparer aux métiers de l’administration culturelle de façon globale. On constate néanmoins une spécialisation croissante de ces formations, en particulier des plus récentes, notamment dans les secteurs du patrimoine et des industries culturelles. En termes de professions visées, les métiers de la médiation et de la communication sont fréquemment cités (24%). Les formations tournées vers l’international (3%) et les formations à dominante artistique (3%) restent quant à elles très marginales. Tout ceci se traduit par une mauvaise lisibilité de ce secteur, pour les recruteurs potentiels comme pour les futurs étudiants. Régionalisation ou européanisation des formations ? L’enquête souligne le rôle capital joué par l’ancrage dans les milieux professionnels (au moins régional) et la structuration des réseaux d’anciens étudiants, en termes de passerelles entre les formations et l’emploi. Ainsi, l’importance des réseaux (professionnels, d’anciens étudiants, régionaux…), traditionnellement développés dans le secteur culturel, n’a pas disparu avec l’augmentation du nombre de diplômés sur le marché de l’emploi. Le rôle des professionnels reste donc capital, renforcé par l’injonction (paradoxale) pour les étudiants d’acquérir de l’expérience professionnelle tout en étant en formation… Par ailleurs, l’inscription régionale des formations constitue une tendance forte qui favorise l’investissement sur le long terme des professionnels du territoire, fait entrer les étudiants dans un réseau plus restreint mais plus personnalisé et plus approfondi. La formation s’inscrit dans un bassin d’emploi, et la répartition géographique locale et nationale des formations est ainsi mieux équilibrée. Il faut néanmoins relier cette réflexion au besoin évident de mobilité (pour la qualité des formations et pour l’avenir des étudiants) à l’échelle nationale, européenne et internationale. Un constat plus étonnant est celui de la faiblesse de la prise en compte des questions européennes et internationales dans les formations à l’administration et à la gestion de la culture, que ce soit dans les contenus pédagogiques (enseignement de l’environnement et de l’administration de la culture dans d’autres pays mais également des langues), la participation des professionnels ou d’enseignants étrangers, ou encore la mobilité des étudiants à l’international. L’ouverture des frontières, la dynamique des échanges artistiques et culturels internationaux, l’européanisation des systèmes d’enseignements supérieurs… constituent sans aucun doute un défi que ces formations devront relever dans les années à venir, d’autant que leurs homologues européennes connaissent des évolutions et des problématiques similaires à bien des égards. Une absence de régulation à l’échelle régionale et nationale L’étude met en évidence l’absence de régulation des formations et tente d’en identifier les causes. Tout d’abord, la disparité des établissements certificateurs ou formateurs (universités, écoles supérieures de commerce, écoles artistiques rattachées au ministère de la Culture, établissements privés à but lucratif…) fait qu’il n’existe pas de contrôle unique et direct sur la création de nouvelles formations. Cette situation est renforcée au sein même du système universitaire par l’éclatement des champs disciplinaires de rattachement des formations liées à l’administration culturelle. L’influence européenne, en particulier l’application du processus de Bologne, a également joué un rôle avec l’entrée en vigueur de la réforme LMD et l’injonction de professionnalisation des cursus universitaires. Par ailleurs, certaines formations semblent s’être créées en réponse à une demande croissante, qu’elle émane de groupements professionnels soucieux de créer une formation adaptée à des besoins spécifiques (musiques actuelles, patrimoine…), de collectivités engagées dans des démarches d’aménagement culturel du territoire, ou encore d’une demande diffuse d’un public étudiant fortement attiré par la sphère culturelle… Quelles articulations entre formations et marché de l’emploi ? L’étude confirme la faiblesse des données sur l’insertion professionnelle des diplômés des formations à l’administration et à la gestion de la culture (les seules et rares informations produites émanent en effet des formations elles mêmes et sont basées sur du « déclaratif »). En revanche, lesresponsables de formation s’accordent pour constater la baisse des conditions générales d’accès à l’emploi dans ce secteur (faiblesse des salaires, précarité des statuts, surqualification des candidats…). Parallèlement, il existe une vision fragmentaire du marché de l’emploi culturel et une relative méconnaissance des besoins à venir dans les domaines de l’administration et de la gestion de la culture, qui ne peuvent qu’inquiéter les partenaires publics et les professionnels au regard du nombre d’étudiants formés dans ce domaine chaque année (au minimum 5000 étudiants tous niveaux confondus, selon les estimations de notre enquête quantitative)… Tous ces paramètres montrent bien la nécessité de se doter d’outils d’observation et d’évaluation permettant à terme une meilleure régulation de l’offre de formations. Citons ici les travaux menés en ce sens par la Commission paritaire nationale emploi formation du spectacle vivant (CPNEFSV), ou encore les refontes des référentiels « métiers » engagées par la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP) ou le CNFPT... Mais les outils les plus prometteurs semblent se situer à l’échelon régional ou interrégional, avec l’investissement des conseils régionaux sur le terrain de la formation, la présence (dans certaines régions) d’observatoires culturels, la mise en place de COEF..., et sans doute la perspective d’une meilleure concertation à cet échelon, entre responsables de formation et professionnels.Subjects / Keywords
Enseignement professionnel; Formation professionnelle; Administration; Culture; Équipements culturelsRelated items
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