Elargir la vie : les séries contemporaines
Glevarec, Hervé; de Saint Maurice, T. (2017), Elargir la vie : les séries contemporaines, Le Débat, mars/avril, 194, p. 181-191. 10.3917/deba.194.0181
Type
Article accepté pour publication ou publiéDate
2017Journal name
Le DébatVolume
mars/avrilNumber
194Publisher
Gallimard
Pages
181-191
Publication identifier
Metadata
Show full item recordAbstract (FR)
En une vingtaine d’années, les séries télévisées ont changé radicalement de statut en France. Souvent balayées d’un revers de main comme les dérivées d’un nouvel opium du peuple produit en masse par les industriels de la télévision, elles accèdent aujourd’hui à une reconnaissance de leurs qualités fictionnelles et à l’identification de leurs traits propres. Et pourtant les séries et feuilletons en tout genre ne sont pas nouveaux. Rien qu’à la télévision, leur histoire remonte aux années 1950. Alors, qu’est-ce qui a changé ?Nous soutenons que les séries ont opéré un élargissement du pensable et du dicible. C’est là leur effet, que nous appelons anthropologique, à la fois sur les représentations et les discours, entendus comme ce qui pouvait jusque-là se dire et se penser, et dans celui du visible, entendu comme ce qui se montrait jusqu’alors. Elles ont exposé des choses que l’on faisait dans la vie réelle et d’autres que l’on ne faisait pas dans la fiction ; elles ont dit des choses, par la bouche de leurs personnages, que l’on taisait. Elles ont donc pensé non seulement des contenus nouveaux mais, surtout, elles ont donné à penser de manière nouvelle, principalement en rendant visible et dicible, voire légitime, l’ordinaire caché de notre condition. Si les séries ne sont pas un objet nouveau, les séries contemporaines sont, à nos yeux, un objet renouvelé qui a eu pour effet de déplacer la ligne du dicible et du montrable. On voudrait le montrer avec les notions clés que sont l’attachement, le personnage essentiel et l’hyperréalisme. D’un point de vue institutionnel, les séries américaines ont remis en question deux statuts centraux en France : l’institution télévisuelle et l’exclusivité de la forme fictionnelle du long-métrage. D’une part, la télévision a perdu de son pouvoir de contrôle sur la diffusion et la consommation de ce qui passe par les écrans. Il suffit de lire la presse culturelle en 2015 (par exemple, Télérama, n° 3415 du 24 juin 2015) pour voir que la situation française ne change que très peu en réalité, du fait du marché restreint de notre télévision nationale qui cherche à viser un large public, à la fois familial et plus âgé, ce qui maintient un degré élevé de classicisme auprès des scénaristes français ; d’autre part, l’œuvre filmique n’est plus la seule œuvre audiovisuelle, elle est devenue un genre à côté de cet autre genre qu’est la série.Subjects / Keywords
Sociologie; Séries télévisées; PublicRelated items
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