Abstract (FR)

Les stratégies d’entreprise visant à lutter contre la pauvreté recouvrent différents concepts tels que les stratégies Bottom of the pyramid, l'entrepreneuriat social, le social business, ou encore les stratégies d'entreprise inclusives. Cette thèse vise à contribuer à la littérature critique sur ce type de stratégies en se positionnant dans le champ du management stratégique. Afin de contribuer à déconstruire l’illusion de la nature consensuelle de ces stratégies et à mieux comprendre les jeux de pouvoir qui les sous-tendent, je propose dans cette thèse d’explorer la problématique suivante : Comment les stratégies d’entreprise qui visent à lutter contre la pauvreté sont-elles construites et négociées par les acteurs ? En m’appuyant sur une grille de lecture croisant l’approche néo-gramscienne de la stratégie et une approche constructionniste des échelles spatiales, j’ai analysé deux études de cas dans le secteur bancaire et financier, l’un au Maroc et l’autre à Madagascar. Les résultats montrent l’ambivalence et le caractère non déterministe de ces stratégies, permettant de dépasser les visions polarisées convoyées par les travaux précédents. Ils démontrent également que la dimension spatiale est un élément consubstantiel à leur construction, bien au-delà d’une simple localisation physique, et révèlent son rôle central dans les jeux de pouvoir. Enfin cette thèse enrichit la compréhension des causes d’échec de ces stratégies en mettant à jour d’autres tensions que l’opposition entre objectifs économiques et sociaux.